Pendant plus de 3 ans, on aura essayé, avec Géraud et Lorène, de simplifier le parcours scolaire des enfants dyspraxiques en leur offrant une solution ludique pour devenir autonome sur l'ordinateur et plus particulièrement avec la frappe au clavier.
On a décidé de mettre fin au projet en mars 2024 après avoir travaillé dessus pendant tout notre master et les dix-huit mois qui ont suivi.
C'est la troisième fois que j'essaie d'écrire cet article et je ne suis toujours pas certain d'avoir trouvé la manière de délivrer mon message.
En fait, ce projet a été tellement conséquent et riche en apprentissage qu'il y a beaucoup de choses à dire. On a aussi fait tellement d'erreurs que ça prendrait trop de temps de toutes les expliquer.
Mais, je crois qu'on peut étudier tout ça sous 2 angles: 1) les raisons de l'arrêt du projet & 2) les causes pour laquelle ça n'a pas fonctionné.
Je me rends compte qu'on a arrêté le projet pour certaines raisons qui sont plus liées à des aspects motivationnels mais que ces raisons ne prennent pas assez en compte les aspects entrepreneuriaux qui ont été mal faits et qui nous ont menés à la situation où on a considéré d'arrêter le projet.
Cette introduction est longue et pas très claire mais les explications qui suivent devraient rendre tout ça plus compréhensible.
Pourquoi est-ce qu'on a arrêté le projet ?
La raison est simple. On n'avait plus la motivation, c'était le bon moment pour nous de s'arrêter. Ce n'était pas simplement un coup de mou temporaire mais quelque chose de plus profond. Notre envie de mener ce projet à bien n'était plus là.
D'autre part, on avait aussi atteint notre objectif initial qui était d'apprendre à comprendre et résoudre un problème ainsi que de délivrer la solution sur le marché. On l'a fait, on a échoué mais on a beaucoup appris.
Chacun des associés avait ses propres raisons mais, à titre personnel, ma perte de motivation était la conséquence des 6 derniers mois qui avaient été très intenses.
L'intensité a atteint son climax en janvier. Je me levais à 6h pour bosser sur Hécatéris pendant une ou deux heures avant d'aller à mon travail. Et, c'était sans compter les soirées et le week-end.
Travailler aussi intensément m'a fait prendre conscience que si c'était pour travailler autant de temps, il fallait que ce soit pour un projet qui me drive. Je me suis rendu compte qu'Hécatéris n'était plus ce projet.
Pour ma part, le projet s'est arrêté à temps. Ni trop tôt, ni trop tard. J'ai apprécié tout notre parcours et notre travail jusqu'au dernier moment.
Probablement qu'une des raisons de cette perte de motivation est aussi expliquée par le point suivant.
Pourquoi est-ce que le projet n'a pas fonctionné ?
C'est difficile à dire parce que je peux trouver des trucs à améliorer dans tout ce qu'on a fait. Mais, je crois pouvoir résumer ici les points les plus importants.
Willingness to pay: les utilisateurs n'étaient pas prêts à payer. On s'en est rendu compte trop tard après avoir amélioré nos méthodes de compréhension de la problématique et du marché. Je pense aussi que le marché a pas mal évolué pendant ces 4 dernières années, on a probablement aussi été un peu lent pour délivrer la solution quand les gens en avaient plus besoin.
Willingness to use: on arrivait à avoir des utilisateurs qui utilisaient la plateforme une fois mais très peu revenaient plusieurs fois. C'est un des aspects qui me trigger le plus. Ce n'est pas si simple de créer une solution agréable d'utilisation qui délivre réellement la valeur ajoutée.
Mais, dans ce cas-ci, je pense que c'était plutôt notre stratégie B2C qui n'était pas pertinente. C'est ce qu'on était occupé à changer dans les derniers mois. Faire du B2B2C en offrant la plateforme aux thérapeutes pour qu'ils l'utilisent avec leurs patients.
Concernant la faible rétention utilisateurs, je pense que notre erreur a aussi été de les acquérir via du marketing, des pubs sur Facebook. Faire du marketing en early stage n'est habituellement pas recommandé. On a essayé et on a vu que c'était une mauvaise idée. Principalement parce qu'on ne sait pas qui sont les personnes qui s'inscrivent ni leurs raisons de s'inscrire. Le mieux aurait été de faire beaucoup plus de rencontres direct avec des personnes intéressées pour ne garder que les early adopters et tester la plateforme avec eux.
Compréhension globale du problème et du marché: les 2 points cités précédemment montrent bien une chose, c'est qu'on a pris certaines mauvaises décisions par manque de compréhension de la problématique et de l'environnement dans lequel on agissait. Ici, je vois 2 raisons à cela.
La première: notre manque d'expérience qui nous a empêché de faire correctement nos études de marché dès le début ainsi que de bien comprendre les besoins des personnes impliquées (enfants dys, parents, enseignant, thérapeutes, ...).
L'autre raison qu'on pourrait nous reprocher c'est de nous être entouré de mentors et d'experts trop tard dans notre projet. C'est grâce à eux, durant les derniers mois, qu'on a su débloquer et comprendre la situation. On a beaucoup appris d'eux et si on avait su le faire plus tôt, ça nous aurait probablement fait aller plus loin.
Ce que je prendrai en considération pour mes futurs projets entrepreneuriaux
Après une discussion avec Géraud, on a su déterminer une liste de critères qu'on aurait dû mieux évaluer avant de lancer le projet et durant le projet.
Voici la liste, les conditions sont à vérifier et valider dans cet ordre.
- Être touché directement ou indirectement par le problème. Sans ça, il y a un risque de ne pas être assez curieux vis-à-vis du problème à résoudre, il pourra aussi y avoir un manque d'empathie envers le groupe cible.
L'autre jour, j'ai lu un post de Théo Lion sur LinkedIn qui allait aussi dans ce sens: "Le business qui vous correspond le plus est celui dont vous aimez les clients". Ça correspond assez bien avec ce que je pense.
Sans proximité avec les parties prenantes, c'est quasi impossible de créer une solution qui correspond à leurs besoins ni de déterminer le business model adéquat.
Pour Hécatéris, je pensais être indirectement lié au problème avec ma maman qui aide les enfants dys au quotidien mais sur le long terme, ça n'a pas été suffisant. Ce qui m'a causé beaucoup de difficulté pour aller facilement au contact des gens. - Avoir l'équipe alignée sur la vision et l'objectif. Je pense que si l'équipe n'est pas alignée sur la vision, l'équipe et le projet finiront par péter. Ça n'a pas été notre cas vu que nos différences de vision n'étaient pas majeures. On faisait en sorte d'être aligné à chaque nouvelle étape du projet pour que chacun y trouve son compte.
Je pense tout de même que bien s'aligner sur la vision est important avant de commencer un projet et je pense qu'on l'a pas si mal fait car ce n'est pas la raison qui nous a poussé à arrêter le projet.
En revanche, notre objectif n'était pas forcément le bon si on voulait créer une entreprise rentable à tout prix. On était tous les 3 intéressés par apprendre et essayer d'aider les gens. On était aligné mais ça n'était pas forcément le bon objectif si on voulait créer une startup. Si c'était à refaire, je tâcherais d'être plus conscient: l'objectif et les raisons de la création d'un projet déterminent en grande partie le résultat final. - Trouver une solution pour pallier les faiblesses de l'équipe. Je pense que notre manque d'expérience était une faiblesse qui aurait dû être comblée d'une manière ou d'une autre. On l'a fait grâce à des mentors sur la fin du parcours mais on aurait dû le faire plus tôt. Je pense que c'était lié à notre objectif, on voulait apprendre, donc on voulait faire les choses seul. Ce qui est contradictoire, pour apprendre le plus possible, il vaut mieux s'entourer de personnes expérimentées et apprendre de leurs erreurs et pas simplement des nôtres.
Je fais quoi maintenant ?
Bah, je sais pas. Je réfléchis.
N'hésitez pas à venir me ping si vous voulez réfléchir avec moi.
J'espère que la lecture de cet article vous a plu et que vous avez trouvé des informations utiles dedans. Vous pouvez toujours mettre un commentaire ou m'envoyer un message en privé si vous voulez discuter de ça plus en détails ou avoir mon avis sur des problématiques similaires.
Merci de m'avoir lu.
À+ dans le bus,
Douis